Zone de Texte: Bulle financière mondiale :

Exigibilité mondiale à court terme : 
400 000 milliards de dollars.
Production totale annuelle de l’économie mondiale : 
40 000 milliards de dollars
Il est prêté dix fois plus que la production.

Il faut revenir à l’économie réelle
Zone de Texte: ECHANGE DE CORRESPONDANCE 
entre RC et «  lecitoyen Last Name »

Fin décembre 2000 j’avais écrit une lette à «lecitoyen » qui était intervenu magistralement sur fr.soc.economie . 

Voici la réponse parvenus en mars 2001. 
Chacun reconnaîtra la qualité exceptionnelle du texte émanant d’une personnalité de premier plan, doublée d’un politique économiste réaliste qui connait le sens précis des mots.

----- Message d'origine ----- 
De : lecitoyen Last Name <lecitoyen@my-deja.com> 
À : <raoul.cayol@wanadoo.fr> 
Envoyé : samedi 17 mars 2001 13:22 
Contre la (tiers) mondialisation de la France 
L'économie nationale en péril : le cas révélateur de la société Pioneer 
La société Pioneer (Cestas, France) ferme ses portes et licencie ses employés. Pour quelles raisons? 
Il semble que le prix de la main d'ouvre et les autres "charges sociales" en France ne permet pas d'affronter la concurrence internationale. 
 Ici nous voyons deux alternatives politiques: 
 
 I. Soit maintenir la politique du "laissez faire, laissez passer" des partisans d'une certaine "liberté" du commerce. 

 A terme cette logique signifie: 
 1. Démantèlement et destruction systématique de l'industrie française, 
 2. Augmentation proportionnelle du chômage, 
 3. Appauvrissement global du pays par la perte de devises dans le déséquilibre de la balance commerciale. 
 4. Dépendance vis à vis de l'étranger comme fournisseur de produits industrialisés, matière première, etc.
  
 II. Soit instaurer une barrière douanière de protection de l'économie nationale avec pour conséquences  prévisibles : 
 1. Mise en concurrence à égalité des produits étrangers avec les produits nationaux sur le marché français. 
 2. Protection de l'industrie et de l'emploi national 
 3. Maintien de la France au niveau d'une nation indépendante sur le plan financier et industriel. 
Évidemment ce genre de discours ne passe pas... Globalisation, mondialisation ... Mon Dieu que voilà de jolis mots! Qu'ils  sonnent  bien dans les soirées parisiennes! Et qu'ils vous donnent l'air savant en société! 
 
Permettez moi toute fois de poser quelques questions au risque de casser cette belle ambiance de fête par ce rappel à la triste réalité de tous les jours. 
On a dit et redit que la concurrence était nécessaire à la modernisation de l'économie... 
 L'industrie à fait l'effort de s'adapter à ces nouvelles conditions du libéralisme :
-robotisation de la production 
-licenciements et plan sociaux 
-intensification de l'effort commercial, etc. 
Que peut-on demander de plus?  

Aujourd'hui les nouveaux investissements industriels s'amortissent à 
peine qu'il faut déjà acheter à crédit de nouvelles machines pour résister à  la concurrence... 
 Le chômage et la précarité sociale font peser des nouvelles charges sur le budget des industriels. 
Et nous entendons bien leur message : "Nous acceptons de rester exposés à la concurrence internationale mais de grâce permettez nous d'être dans les même conditions (fiscales, prix de main-d'œuvre, etc.) que celle-ci 
pour l'affronter"... 
 C'est un discours de bon sens mais limité à la logique micro-économique de l'industriel et il ne tient pas compte de l'environnement politique et social.    

Il ne faut pas être sorti de science-po pour comprendre jusqu'où peut mener cette logique. 
 -Jusqu'à quel niveau doit-on baisser le niveau des salaires pour rentrer
dans les comptes? 
-Quel peut être le niveau de taxation minimale pour libérer l'entreprise 
face à la concurrence? 
 
A ces questions s'ajoutent d'autres: 
Quelle situation globale débouchera de ce libéralisme à outrance? 
 
-Quel est l'intérêt d'une catastrophe sociale? 
Entre nous les industriels sont bien sympathiques : ils acceptent si facilement les conditions qu'on leur impose.. 
Une démonstration de plus que l'économique est bien soumis à la politique. 
 
Mais à bien y réfléchir, ils ne profitent nullement du libéralisme ni de cette concurrence implacable. 
Les agriculteurs non plus d'ailleurs. Mais ils ont réussi à faire entendre 
leur voix et à faire protéger la production agricole face à la concurrence 
extérieure par un système protectionniste. 

Mais voyons! Si cet ultralibéralisme ne profite ni à l'industrie, ni à l'agriculture... à qui profite t'il donc? 
 
Qui réalise donc cette belle propagande pour le "libre-échange" et la
concurrence étrangère qui cause tant de dégâts à l'économie nationale et 
au bien public? 
 
Qui se moque ainsi avec mépris des soucis et préoccupations des entre
preneurs et des familles en faisant passer leurs réclamations pour une 
sorte de réaction atavique devant un progrès soi-disant "inévitable" ? 
 
Nous pensons qu'il s'agit de certains financiers qui ont vu dans "la mon dialectisant financière", comme d'autres avant eux dans la "tiers-
mondialisation", un moyen facile de faire prospérer leurs intérêts. 
 
Quelles sont ces nouvelles méthodes? 
- La spéculation financière sur la monnaie nationale ou sur "l'Entreprise 
France". Ainsi la dérégulation corollaire des échanges financiers à ouvert  la porte vers un nouvel horizon de profits sans investissements productifs... 
 
Le commerce international depuis et l'exportation de l'appareil industriel, appelée pudiquement "délocalisation" vers "les nouveaux pays industrialisés". Un tel transfert de technologie n'aurait jamais été autorisé à d'autres époques mais sévèrement contrôlé comme autant d'actes de trahisons n'est ce pas? 

Toutefois ces "pays d'avenir" ont beaucoup déçus dernièrement puisque reposant sur la violence antisyndicale (voir l'Indonésie, Corée du Sud, Philippines, etc.) et qu'ils sont gangrenés par la corruption à tous les étages (Japon, Thaïlande, Taiwan, etc.). Ils  ressemblent finalement plus à des châteaux de cartes qu'à ces terres nouvelles que l'on admirait tant... Notons au passage que ce sont les finances publiques qui ont couvert les déficits causés par les manipulations privées dans la dernière crise Asiatique, comme toujours dans ces cas là. 

La Russie aussi à beaucoup déçu comme pays d'investissement et comme pays importateur, surtout depuis qu'elle a sentit que le libéralisme occipure et simple à des investisseurs étrangers de disposer plus de 50% du 
capital d'une entreprise installée sur le territoire et/ou le maintien de la 
propriété nationale en cas de désengagement des partenaires étrangers. 
 
- Une différenciation juridique entre les capitaux productifs (investis plus d'une période dans une industrie par exemple) et les capitaux spéculatifs qui sont employés à la création d'une plus-value financière fictive sans 
participer à la production de richesses réelles. 

- Un désengagement du gouvernement de la politique de subventions à 
tout-va aux entreprises privés, pour des raisons d'emploi, d'installation ou autre, sauf sous la forme d'une prise de participation au capital de celles 
qui sont en difficulté... La charge financière publique sera pour autant diminuée. Une prise de participation qui pourra éventuellement permettre aux salariés de prendre en main leur propre entreprise. 
 
- Une participation limitée mais réelle des travailleurs au conseil d'administration des entreprises où ils travaillent. Par une méthode d'affectation annuelle de parts du capital ( v. Air France) ou par une autre méthode aussi efficace. 
- Une coordination de l'information industrielle et économique pour une 
meilleure adaptation de l'offre des entreprises à la demande étrangère par  le biais d'une administration consulaire équitable, coordinatrice et étroitement contrôlée. 
- etc. 

 Et à ceux qui nous dirons que le libéralisme est l'avenir du monde... 
Nous leur répondrons que s'occuper du monde c'est très bien, mais cela 
ne doit pas nous empêcher de gérer au mieux nos propres affaires! Et 
d'ailleurs une nation économiquement stable sera plus à même de guider les autres vers la réussite et l'avenir que celle qui serait faible. 
Nous leur rappelons aussi que les États-Unis qu'ils veulent prendre 
comme modèle économique, ont eu des phases de politique libérale mais aussi de protectionnisme. Nous vivons peut-être aujourd'hui une phase libérale qui peut très bien avoir un terme selon les circonstances... 
 
D'autre part on entend de temps à autre l'annonce de la situation favorable de la balance commerciale et du bon comportements des exportations 
françaises. Mais il semble que ces cris de joie et de vastes congratulations 
cachent à peine la réalité critique que doivent affronter chaque semaine les industriels et autre exportateurs nationaux. Certainement une étude de la situation devrait être menée par des organismes indépendants du gouvernement et selon des méthodes scientifiques pour qu'enfin nous puissions distinguer le vrai du faux dans ce domaine. Une étude qui devrait 
faire ressortir non seulement le détail des transactions commerciales et  financières avec l'extérieur et distinguer selon les secteurs et branches de l'économie mais également les effets directs et indirects de ces échanges sur la richesse nationale en terme d'équipement industriel et de réserve 
d'investissement des sociétés, des collectivités publiques et de la population civile. 
 
Est-ce que l'économie française reste équilibrée sans les recettes du tourisme? 
Est-ce qu'un pays en état de crise politique, économique et sociale reste toujours aussi attractif pour les vacanciers? 
 La sagesse crie dans le désert. 
 Mais qui peut l'entendre? 

le citoyen 
 
 Merci pour votre intérêt
 Désolé de ne vous avoir répondu plus tôt
Bonne année a vous aussi

 
Déclaration de Jacques Cheminade, 
Paris, le 18 mars 2001
 NASDAQ en dessous du « seuil psychologique » de 2000 points, Dow Jones sous 10 000 points, Nikkei sous 12 000 points, CAC 40 sous 5000 points : plus personne ne peut nier que ce que j'avais annoncé lors de ma campagne présidentielle, en 1995, est en train de se produire cette semaine. A Wall Street, les indicateurs signalent les conditions d'une crise plus générale et plus profonde que celle de 1929.
 
Les mesures monétaristes prises au Japon et aux États-Unis pour tenter d'enrayer la chute des Bourses ont perdu toute efficacité : le Japon, où le total de la dette publique et des créances sur l'État en mal de recouvrement représente 260 % du  produit intérieur brut (PIB), n'est plus en mesure de 
jouer le rôle de « prêteur en dernier ressort », et les États-Unis ne peuvent davantage continuer à être le « consommateur en dernier ressort ». Il s'agit d'une crise de tout le système financier et monétaire international, sur lequel l'exigible financier total (produits financiers dérivés, dettes publiques et privées, capitalisations boursières) atteint environ 400 000 milliards de dollars, alors que la somme des PIB de tous les pays du monde n'atteint pas, elle, 45 000 milliards de dollars.

Cela signifie que l'ordre actuel se trouve en état de faillite virtuelle, sans autre perspective de durée que le pillage des ressources existantes par le monétaire et le financier. Les créances ne peuvent plus être honorées qu'au prix de la destruction du travail, de la production et de vies humaines.

Aussi, la seule solution raisonnable est de changer de système, en rétablissant un ordre qui rejette la loi de la jungle afin de favoriser et de protéger les investissements à long terme et à faible taux d'intérêt, créateurs de productivité économique et garants de justice sociale.
 
Pour effectuer ce changement, c'est-à-dire pour sauver l'économie réelle de l'effondrement de la bulle financière, il est nécessaire de mettre en règlement judiciaire systématique les agents financiers surendettés et surexposés, en faisant passer l'intérêt général avant celui des débiteurs et des créditeurs. 

Le système nouveau, fondé autour de banques nationales émettant du crédit à long terme et faible taux d'intérêt, doit être protégé par un système de contrôle des changes et des mouvements des capitaux, établi en tant que de besoin pour empêcher toute dérive des flux financiers vers le spéculatif. 
Le fondement des relations entre pays participant à ce système nouveau ne 
peut être celui de monnaies liées à l'ordre financier actuel, mais fixées par référence à des paniers de matières premières.

Il s'agit de mettre en place une nouvelle règle du jeu, un nouveau Bretton Woods qui soit une nouvelle donne et non l'aboutissement de négociations administratives ou diplomatiques dans le cadre du système existant. Cette nouvelle donne, inspirée de la logique suivie par l'administration Roosevelt après le krach de 1929, a été proposée aux États-Unis par mon ami Lyndon LaRouche et fait actuellement l'objet de nombreuses discussions à travers le monde.

Un seul pays ne peut, bien entendu, lancer une telle initiative. La France a cependant un rôle fondamental d'initiateur à jouer, en s'appuyant sur les pays du groupe Asean + Trois, sur l'Inde et la Russie, pour mettre les nécessaires pressions sur une administration américaine engagée pour l'instant à imposer la prolongation du système à tout prix, y compris par des moyens d'intimidation militaire. 
En bref, sur le terrain économique de la sécurité nationale, la France doit retrouver sa politique de dissuasion « du faible au fort ». Elle le peut si ses dirigeants s'élèvent à la hauteur des circonstances.

 Elle le doit pour être fidèle au meilleur d'elle-même.

 

CSVA

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